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L UNIQUE

Argument[modifier | modifier le code]

Pour Max Stirner, l'Ego, qui est Unique, ne peut être la propriété de qui, ou de quoi, que ce soit, donc ne peut être la propriété de l'État, y compris de l'État démocratique. Pour lui le libéralisme politique conduit à l'esclavage du « Moi » et le libéralisme social, à la nationalisation des propriétés, c'est-à-dire au vol de ce qui appartient au « Moi ».

Par ce « Moi unique », Stirner entend se hisser au-delà de toute détermination sociale, prolétaire ou bourgeoise. Il ne propose pas de transformer le monde conformément à un idéal, mais d'agir avec lui selon son propre intérêt : à l'idéalisme doit succéder l'égoïsme. Comment devenir ce « Moi égoïste » ? En évacuant tout ce qui ne m'appartient pas en propre, qui m'est extérieur, autant dire le « sacré » : Dieu, État, Église, religion, autorité, morale, liberté, vérité, justice, humanité. Et les « sentiments donnés » tel que la conscience, la famille, le mariage, l'abnégation, le dévouement, la loi, le droit divin, la piété, l'honneur, le patriotisme, etc.1

Association des Égoïstes[modifier | modifier le code]

C'est l'Ego qui est propriétaire de toute chose, et il ne peut être dépossédé. C'est pourquoi Stirner affirme que l'organisation sociale ne peut être basée que sur une Association des Égoïstes, tous souverains, qui n'ont d'autre objectif que celui d'être ce qu'ils sont. L'association contractuelle et contingente ne permettant à chaque individu que de réaliser ce que sa puissance seule ne peut accomplir : « Personne n'est pour Moi un objet de respect ; mon prochain, comme tous les autres êtres, est un objet pour lequel j'ai ou je n'ai pas de sympathie, un objet qui m'intéresse ou ne m'intéresse pas, dont je puis ou dont je ne puis pas me servir. S'il peut m'être utile, je consens à m'entendre avec lui, à m'associer avec lui pour que cet accord augmente ma force, pour que nos puissances réunies produisent plus que l'une d'elles ne pourrait faire isolément. Mais je ne vois dans cette réunion rien d'autre qu'une augmentation de ma force, et je ne la conserve que tant qu'elle est ma force multipliée. Dans ce sens-là, elle est une - association ».

Structure[modifier | modifier le code]

La structure de l’ouvrage est simple et déroutante à la fois. L’essai se compose de deux parties, L’Homme, qui passe en revue l’évolution des idées morales, et donc de la contrainte sociale depuis les Anciens jusqu’aux Modernes, et Moi, qui examine la Propriété, le Propriétaire, et conclut avec L’Unique.

En première partie, Stirner étudie l’histoire des croyances, et la relation de l’homme à la religion, à l’autorité, à son créateur supposé. Pour l'auteur, toutes ces entités auprès desquelles l’homme choisit de se plier, Dieu, religion, société, morale, État, sont fictives et n’existent que dans son imagination. Selon lui, l’humanisme, athée ou non, n'est qu'une métamorphose de la religion chrétienne. L’Homme a remplacé Dieu, et ce faisant, a fondé une entité abstraite, qui est supposée être Moi, mais existe en dehors de Moi. Le Moi abstrait, ce n’est pas Moi. Ce déplacement du Sacré ne nous rend pas plus libres, au contraire.

Dans la deuxième partie, Stirner échafaude son nouveau système de perception, sa nouvelle conception du monde. Il prône l’égoïsme, la liberté individuelle, le Moi au-dessus de tout, et surtout il abat cette entité fictive qu’on appelle l’Homme. La vie en société devrait être fondée sur des accords tacites et révocables, une association d’individus la moins contraignante possible.

La force et la cohérence de L’Unique, c’est le refus de l’esprit de système. Stirner abat l'une après l'autre les armatures oubliées de notre système de perception, ces armatures jamais remises en cause qui nous font progressivement tout accepter, puisque l’Abstrait, l’Idéalisé, ont finalement toujours dans notre monde une puissance et une légitimité plus grandes que l’individu : l’État, l’entreprise, la religion, la famille, la victime, le bourreau… Nous vivons entourés de fantômes, mais nous ne les voyons plus2.

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